Pitre I
PITRE IAprès ces jours qui branlèrent le monde, on dit qu'y'a trop d'saisons?
Alors les gamins, on va pas s'éternuer, on n'a pu l'temps qui fait.
À peine écaillés et faut déjà survivre!
Regardez, le ciel furieux prend les rennes du cataclysme annoncé.
L'a raison Milladiou!
Et mèf, une catastrophe peut en cracher une autre!
Y'en a marre de ramper avec un filet sur la tête, la mort aux dents, pour chercher ventre à mer le manger et le voir.
On n'a marre.
Nous ne sommes plus des souricières pour les hommes en panne au fond d'la crise.
Nous sommes des nacelles pour l'envol des hommes-poissons.
Des pièges à Bon. Bondissant hors de la friture sur les ondes.
Bon ça, pour le Futur, souviens-toi...
Les temps sont là, à mettre nos lèvres sur le rocher au bord de la crique, et nos langues dans la rosée du lichen salé.
À faire saliver les sagouins et à reluire les méninges recomposées.
Avant le lever du soleil, avant la montée de la marée, pour se remettre debout, pour s'en remettre à la divine sieste, pour se relever, monter et nager jusqu'au énième ciel!
Avec un peu d'peau, du qui donne à désirer, avec la porosité, fini la sélection naturelle, bonjour l'amour!
J'la vois la mort près d'vos pupilles...Viens donc plutôt succuler ton saoul. Où y'a du plaisir, y'a pas d'gêne.
Laisse-toi miroiter une ration de paradis.
Fini les malentendus mal-dits.
T'es sevré du jugement? Ose la métamorphose.
Laisse-toi féconder du ciboulot.
Laisse-toi aller, frayer dans les parenthèses, encombrer d'la tendresse dans les interstices, baigner aux étoiles.
Raccommode tes mailles; un mal à l'endroit, une malle à l'envers.
Viens dans mes filets ouverts à la dérive, au chant du cygne, des mouettes et des sirènes, au cri d'la rouille qui grouille l'insurrection.
Jusqu'à c'que t'es grand, j'garde mes idées d'môme et mon p'tit manège.
Je lis les signes dans mon ventre, dans ma poitrine, les mots viennent après, en p'tit vélo...
Je dis : Ad Libidum , Ad Libidum, Désir à volonté!
Pète ben qu'oui. Pète ben qu'non.
Pète tout, tout court, tout d'suite.
Nous allons forniquer une bombe, un monde!
Dégomme c'qu'on t'a fait croire jusqu'à l'os.
On va pas arrêter d'avancer pour mieux sauter.
Moi, les abeilles stériles qui niquent dans les algues vertes, ça m'boulverse.
Le meurtre des arbres, ça m'arrache.
À la va comme j'te pousse de toi.
Qui peut le cru peut le cuit.
Ça va ruminer dans les brancards, ça va vous perforer l'sentiment.
Z'allez êtes boulottés comme du menu fretun, ballottés comme un foetus de paille!
Les ch'veuxlus, les barbelés, les tondus, glissez-vous ça dans les feuilles, faites pas dégorger douce et faites pas mine de rien.
L'coup d'grisou, c'est ici et maintenant!
Bousculez- vous, serrez-vous les pinces.
Après, j'vous parie Paris, que vous voudrez renaître ça!
Allez, yallah, plein les mirettes, plein les mémoires.
Ici, c'est une histoire sans histoire, un truc pour les héros!
Un désireux pour la jouissance à mains nues, à pieds nus?
Un amoureux?
Plaisir quasi garanti, à tous les coups l'on gagne la joie foisonnante, plus intéressante...
Une volontaire? Une amoureuse? Une désireuse?
Magne-toi, l'vieux monde est derrière toi!
/ 17 juillet 2012/ Dans les empreintes de l'Art Cru de Guy Lafargue/ Pour la bourriche des Marées Foraines de L'Affaire Foraine
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