Préface/Larliquelili/Pasolini/Artaud
PRÉFACE
Larliquelili se remplumait pour écrire de la plus belle. Il nous disait ce que nous ne pouvions encore entendre.Il lisait dans l'advenir.Il divinait sous l'empire des signes, l'emprise des sens.Il nous disait ce que nous pouvions déjà deviner.
Où est le Désir entre le Verbe et la Parole?Est-ce l'Amour que tu appelles chez l'Autre qui le fait advenir?
Est-ce l'Amour que tu fais venir chez l'Autre qui le fait exister?Si tu Lui donnes l'heure d'être bon, le sera-t-il?Aspiration. Inspiration.
Le poète s'achemine vers la Parole.Le mystique tend au Silence.
Le Tao, dans le temps et la durée, nous lui prêtons formes.Dans les transformations, nous le réalisons.Nous allons et venons sur le droit chemin.Nous le chevauchons comme six dragons pour monter au ciel.Cette Parole, énoncée, nous devons la rendre vraie, la faire exister.Si Cela doit être beau, il faut que Cela (le) soit!
Le Tao, nous ne pouvons le nommer.
...
L'écriture, il faut l'exciter et aller la chercher. La solliciter, l'entreprendre, patienter en préliminaires, chercher ses rituels, son avenir.Il faut également la laisser advenir, apparaître, quand elle veut, être prêt.Elle tombe du ciel, une illumination, un saisissement; une image s'impose, elle s'écrit seule...... Un état second, une ivresse, une transe contrôlée, contrôlable? Devrait-elle l'être?Différentes écritures qui ont sans doute plus ou moins à faire avec les différents degrés de conscient, d'inconscient, de surconscient, de conscient "on ne sait quoi" qui nous reste jusqu'alors obscur, à découvrir, inexploré, inexploité. À défricher, déchiffrer, inventer.Voilà bien de quoi ravir!Différents degrés, résonances d'essences intimes, de celui qui écrit et de celui à qui il s'adresse, ou de ce à quoi il s'adresse chez ce lecteur éventuel, potentiel.L'écriture démultiplie, agit, en nous échappant, en nous attrapant, tandis que nous la poursuivons amoureusement...
Délice des voyages intérieurs. Délice de l'imaginaire, fantasmant dans les mots et leurs lectures, à l'adresse du destin(ataire), en son endroit, chemin...Délice de le côtoyer, de communiquer et s'entendre.Tout est loin d'être volontaire et là niche de l'Inconnu, du Possible, de la Réalisation, du corps physique et de l'astral..
....L'écriture pourrait-elle tout remplacer sans que l'on s'y abîme au bord du gouffre en folie?Un endroit où se perdre, où se pendre...Il y a long, l'expérience dit que l'on pourrait par exemple tomber "fou d'Aïkido", si l'on s'arrêtait en si bonne voie.Attention, dangers?
Gardons-nous méfiants de tous rapports de dépendance.Ils nous piègent, en appellent à notre côté sécuritaire, possessif, détenteur, manipulateur, mauvais joueur...L'enfermement se joue des tours, jusqu'au combat fatal, le combat à mort, face à face, bois contre bois, animaux tristes.Il est mortel le cri du cerf qui hurle à la mort. L'hallali, l'agonie aux abois.On meurt avec. Si c'est un homme.On ne résiste pas à cette loi du plus fort.En tout cas pas là, pas comme ça! Pas l'choix!
Que renaître ailleurs. Nous restons sans mérite. Nous n'en avons aucun.Parce que nous ne pouvons pas faire autrement, dans le fond, sûrement, sinon ce serait une fois de plus mérité ?C'est l'un ou l'autre...
..."Tout l'Un, Tout l'Autre"...Nous pouvons traduire par AMOUR.Nous pouvons, devons-nous?La question, un moment, ne se pose plus, justement.
L'évidence vous saisit, vous rattrape, comme illuminé, comme la Poésie.Nous en témoignons.Le corps est dedans. Cela passe par lui, ses voûtes. La clarté.Apprendre à chevaucher la pensée, l'arrêter, son flot qui vous domine... Et bestialement.
Un temps pour chaque Chose, un temps pour Tout.Le Temps quoi, enfin s'en faire le fidèle allié. Hallucinant...Prendre le plaisir à l'Instant, le revendiquer, l'essayer, l'adopter, ce n'est pas grave, c'est essentiel, c'est maintenant et si c'est tout le temps, nous approchons l'Éternel, non?
"Le faux est un moment du vrai"...*Nous nous trompons, errons, à la dérive, décalés, nous dédalons, délirons?Certainement; nous voyageons ! Et nous aimons cela déjà.L'horizon ne cesse de reculer à l'horizon du voyageur.Nous pouvons jouer parfois avec les reflets de notre propre image, le bon profil, le Mythe, s'y frotter!
Ce n'est pas grave non plus, si nous n'en sommes pas dupes ; nous frayons vers les connaissances, nous nous tendons des pièges, pour voir, c'est l'Ego qui palpite, s'entête,se planque, se ramène, fait chier, agonise, coups de pieds au cœur, c'est la Paix du Cœur la plus difficile à rencontrer...
Ainsi, nous avançons somme toute, mais si nous l'avons vraiment décidé.Refuser de descendre en dessous d'un certain niveau de conscience et d'honnêteté dans le miroir, s'avère transparent.Question de vraie conversation. Se la poser la question et y répondre, en phrases, en phase, avec toi, avec l'Autre, par suite, par la durée.Comment accéder à la volonté et à la non-volonté?Visiter notre désir, notre bon vouloir.Tout se tient dans la Grande Maison.Savoir nous en aller et savoir revenir, de voyage.Entendons même les voyageurs immobiles.Revenir à être le même-soi, en toutes compagnies, en toutes circonstances, y compris en des états de conscience différés, différents.Comme parties du Tout où buscar, caminando...
Que sortirons-nous du puit, de la chasse au trésor?Prenons-nous assez de risques jamais, ou parfois trop?Quels sens nous reviennent et quelle énergie nouvelle avec?L'interrogation bouillonne dans l'Athanor, y faire face, y donner sens, y puiser, sous peine de se noyer.Le mijotement, les agitations, guidés, laisseront venir à eux les sucs, les essences.Nous avons le droit d'espérer absolument.L'essence dans les rouages du Bonheur acharné.Nous ne prétendons nullement détenir notre entière vérité à ce jour.Si nous la concevons en mouvement, l'incarnons en transformations, dans la permanence de l'impermanence, nous savons que demeurent encore des voyages à franchir, parmi les étapes de notre cher bouvier chinois.Nous naviguons de l'une à l'autre, encore instable, mais nous naviguons.Le voyage est perturbant, plaisant, difficile, exigeant, apaisant, inquiet, confiant, rieur, profond, pas grave, intense, des quatre saisons, d'une nouvelle et éternelle jeunesse, bellement ridée, le visage écrit en passe de vaincre le Dragon Rouge.Nous n'en avons pas fini avec ce qui nous échappe...
En tout cas cela continue, contribue à nous faire voyager finalement, à nous questionner, nous mettre en jeu, nous positionner-repositionner, nous tromper, nous avouer, non coupables, capables.Une façon, une arme, surface de réparation, de résiliation...Pour accepter le portrait qui doit se confondre avec celui qui se regarde dans la glace...Et nos grimaces de Théâtre comme Catharsis...Oui la Poésie dit les oracles, oui la Musique parle aux cœurs.Justement, ces transfigurations ne peuvent être efficientes que si elles sont absolument habitées, si elles sont habisensées, pleines ou vides.Elles transportent les Choses qui se réalisent chez "l'Entendeur", transporté à son tour.Art de la Parole. Art du Silence.La Chose est dite. La Chose est.Nous nous portons mieux, nous nous emportons partout sans colère, vers l'apaisement sans doute...
...Faudrait-il être l'Amoureux, amoureux...de la vie!La vie tout court-toujours-qui est chaque jour.Dire les histoires de gens d'amour.Plus tu appelles les Choses, plus tu appelles les Mots, plus tu appelles les Choses, plus tu appelles les Mots, plus tu chantes les Mots, plus tu enchantes les Choses...
Silencio, Lareliquelili...
(* Guy Debord)...
"Au moins si elle est conçue comme poésie, la langue de l'action, de la vie qui se représente est infiniment plus fascinante! C'est elle qui se reconstitue -à peine refermé - à partir d'un livre de poésie: elle est avant et après.
[...] rien ne vaut la vie. C'est pourquoi je ne voudrais que vivre, même en étant poète, parce que la vie s'exprime aussi par elle-même. Je voudrais m'exprimer avec des exemples. Jeter mon corps dans la lutte. Mais si les actions de la vie sont expressives, l'expression, aussi, est action.
[...] en tant que poète je serai poète de choses. Les actions de la vie ne seront que communiquées, et seront, elles, la poésie, puisque, je le répète, il n'y a pas d'autre poésie que l'action réelle...
[...] Je ne ferai pas cela de bon cœur. J'aurai toujours le regret de cette autre poésie qui est action elle-même, dans son détachement des choses, dans sa musique qui n'exprime rien sinon son aride et sublime passion pour elle-même."
Pier Paolo Pasolini
...
" C'est ainsi qu'on a fermé la bouche à Beaudelaire, à Edgar Poe, à Gérard de Nerval et au comte impensable de Lautréamont. Parce qu'on a eu peur que leur poésie ne sorte des livres et ne renverse la réalité.
[...] La terre se peint et se décrit sous l'action d'une terrible danse à qui on n'a pas encore fait donner épidémiquement tous ses fruits.
[...] Van Gogh pensait qu'il faut déduire le mythe des choses les plus terre-à-terre de la vie. En quoi je pense, moi, qu'il avait foutrement raison. Car la réalité est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute divinité, à toute surréalité. Il suffit d'avoir le génie de l'interpréter."
Antonin Artaud
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