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Ibrahimanouche

IBRAHIMANOUCHE


J'ai vu la sècheresse, les tourments, les paresses.

J'ai vu le savant, les amants, les sagesses.
Give you shelter, radiant ta saveur.
Vos sueurs miellées exhalant la Couleur.
Au Mont Analogue, attisé, se frotte lentement le bonheur retrouvé.
Il souffle léger à la bise les nouvelles langueurs suaves.
"Que l'ivresse s'épaississe, qu'elle m'abatte. Je veux être vaincu."*

L'Amour, ses sirènes parfumées, vous emmêle, aspirés par les mauves.
Les vents, oranges spirales, se prennent à rêver main dans la main, le jus des fruits sucrés, la même épice, la même nuit farouche, sereine.
Certains détalent vers tant de lointains. Ensemble, vous doutez loin, très loin de tout.

N'aies crainte, c'est fatale Fortune; là où Tout n'est pas écrit par le doigt des Dieux.
Où demeure la Parole habitée?
Que pouvons-nous sacrer?
Quand ils vendent l'océan vert, les marées hautes, l'aube violette, les forêts brunes.
Sacrifiés, nous nous jetons à la poubelle, à corps perdus avec.
Nous habitons juste après et juste dedans Nuit et Brouillard...

Et plus tard, et maintenant?
Sortis de la tête, les yeux, ouvrez-les.
Les yeux en bougeant font venir le jour.
Ils font jouir, confiants, l'aurore insatiable.

Moi, Ibrahimanouche, je suis fière d'émoi.
Si vous osez vouloir, je veux aussi.
La lune en pavane, parade ses velours moire.
Elle est face. Elle est fée.
Elle regarde pile le soleil s'éventer à l'Amour, sur des coussins cachemire où broder nos sabirs:
"L'Art vivant nous protège quand la Vérité tue."

 

(* Henri Michaux)

 


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