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Ô Muses I à VI

Ô Muses I à VI

I

Ô Muses...
Je m'enfuis sur l'autre versant
L'Autre renversant
De l'allant, de l'élan
Aux ailes du désir.

Il y a l'Image que je décèle
Et celle - stèle -
À laquelle je veux échapper
Ne pas appartenir
- M'évader -
Je cache dans la vague
Mon image floue...

Kawa halib en terrasse
Au café du bout d'la rue
Pour naître pas là où je suis.

Après-goût de printemps
Qui poind
Au fond de la gorge
De l'arrière-saison
Qui n'en finit plus.

En sortira-t-on de la Mort
Pour faire place à l'Amor?

Le temps ne mets pas
Sous silence les images
Tout au plus s'éloignent-elles
Dans le flou d'un oubli forcé

Puis elles reviennent au corps
Danscinantes.
Elles lancent au cœur
Au détour des sens interdits

En sommeil, en soleil


II

Ô Muses...
Haut en couleurs
Audacieux
Odes à cieux
Connection, connivence...

À tout petit jour
Les oiseaux chantent
L'air de la datura
À date, tu seras là
Dans l'obscur de regards
Éclairé, sexe à corps
À bout de souffle
Pour se dire vivants en silences

Fondus


III

Ô Muses...
Aux nues
Je partirai nue
Parée de coton et de soie
De cachemire et de lin
Sans maudire
Mes compagnons incertains.

Fontaine
J'irai voir ton eau
Au bout du monde
Au bout de l'ombre
À la claire femme-fontaine
M'en allant promener
Sur le tapis volant de verdure
Zerbia, zerbia...

Croqueuse de crocus
Femme gazelle
Femme éléphante
Fente jusqu'au ciel
En religieuse amante
Dévoreuse de miel
Regardeuse de merveilles
Gardienne du Temple
Bas du dos majeur
Transe du ventre
Tièdes vagues génésiques
Autre face de la musique


IV

Ô Muses...
J'entends plus la guitare
J'en veux plus des bruits de la ville
Je désire me frotter aux arbres
Sages sabres
Qui transpercent
Et la terre et le ciel
Saxs géants
Où joue le vent
Tard dans la vie.

Que le soleil me baise,
J'entends que la guitare
Ô Muses...

Tellement blindée de bleus dedans
Les bleus du ciel brutalement éteints
Coquille de moi
A la dérive de toi,
Toute carapace dehors
Cascade d'embrassements.

Penser, dépenser
Les 1001 matins du monde

Embrasés


V

Ô Muses...
Ma sœur du Mali
Ravie au malheur
Empathie des rêveurs
J'suis partie
C'est par cœur
C'est Charlie Parker
Chaplin le spleen

Ô Muses...
En malle de voyage
Cuir tanné
Trop poli pour être honnête
Voyou des vents de sable
Pirate des grands chemins
Bandit à la petite seconde
Pas blonde la guêpe,
Mon voleur de poules
Cî-gitan des mers
Où demeure ma tribu.

Il n'est jamais trop tard
Pour vivre une enfance heureuse
La raison n'a pas eu raison
Des sens et des sentiments
La Maman et la Putain...
Le voyage est le désir d'un autre corps
S'approcher d'un corps
C'est entrer tout entier
Tout en chair
Dans l'Image
A pas comptés
Mais plein la vue et le vent.

Si tu m'inspires
Je te respire
Les yeux dans les yeux
L'effluve dans l'effluve
Je veux le fleuve
Tu me chavires
Je me retourne
Et tu retiens

Soul brother


VI

Ô Muses...
Mon corps m'accompagne
Unique demeure.
L'Autre, du dehors
Qu'y sent-il vraiment
L'homme se voit-il à sa démarche?

On chevauche à différentes allures
Ceci n'est pas un sens exact
C'est tellement mieux
Nous appartenons à la Nature
Pas à la maison.

Quand je serai trop grande pour marcher
J'écrirai des romans d'amour
Des romans d'amour fou
- Peut-être -

Allah claire fontaine
Fol ami
Mon amour de tout à l'heure
Flamme fatale
Cheveux safran
L'abeille est de ma partie
Je vole pour elle
Je ne dirai rien
Je ne parlerai pas
Secret gardé
Pas une balance
Mais vous saurez bien quelques choses
De celles qui résonnent en vous autres
Frères-tambours.

Perdue la raison
Rai de lumière
Rê de son
J'entends des hommes partout
Qui gâchent les oiseaux
Et cachent la forêt
Ils craquent le temps
Et comblent les marais
Esclaves modernes!

Elle, est penchée
Avec les digitales
Mauves et géantes
Microcosmique
La terre mouille
Sous les langues de pluie
Ecoute
L'abeille pénètre la digitale
Régal

Dernière ligne orange
Au bord de l'horizon anthracite
Si fin croissant de lune
Pure beauté auprès des arbres noirs
Si faim croissant de la prune
Aile de tes yeux
Evadés
Ô Muses...

Le ciel grandiose
Porte l'amour sublime
Eternel plus que nous.

Vagabonde sur moi
Vagabonde sur toi
Des embardées
J'ai failli ne plus me souvenir du futur

Dites
Les veilleurs, les imagiciens
Où être libre ailleurs que dans sa tête?
Ô Muses...

Tu m'envahis quand tu t'en vas
On veut croquer
Du pissenlit par la fleur
Et du piment par l'essence.

Les herbes et les brumes d'icitte
Embarquent celui qui le veut bien
En Terra Incognita ou oubliée
Souviens-toi de l'Instant
Ô Muses...

 


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