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Le chasseur des collines

LE CHASSEUR DES COLLINES


À l'époque où le jour

À nos yeux était beau
Chacun vivait
Sous son étoile
Une fraternité loin
De tout être humain

Lui, était un chasseur des collines

Étreint par l'émotion
De ses pensers profonds
Son été sans sommeil
À la longue lumière


C'était bien pire
Qu'il n'y paresse
C'était bien plus beau
Il parlait
Une langue qui dirait
Ce qu'on ne sait pas
Dirait ce qu'on croit
Ne pas savoir
À lui seul il devenait
Joie lucide
Chagrins et douleurs
Ne viendraient plus
Facilement l'éteindre

Il demandait encore
Quels désarmements
Auront nos peaux
Quels souffles de vent
Qui se parfument
Dans nos manches
Relevées jusqu'au coeur
Il restait
Là et maintenant
À guetter
Nos ombres noires
Tout contre-jour
Les grains de sable
Les assommoirs
Fols abat-jours

C'était un chasseur des lumières

Il entendait
Les machines aux amours
Qui sonnent le carmel
Et l'éternel retour

L'affaire des Adieux
Qui balancent l'équinoxe
D'hiver et variée
La saison se ramasse
Sur les murs
Les murmures
Les impasses
Pair et gagne
Ta semence, les silences
Le repère aux agapes
Aux aguets, on renacle
On trime, on force
Et c'est déjà foutu
Le rebus

L'Atlas, on repasse

Je m'efface
Au retrait
Vieille carcasse
On borde
Aux regrets
La décence regarde
Le bout du moment
Par le désordre

Turbulences

Peindre
Le vautour se rappelle
La saison se rebelle

Nos peaux sauront-elles

Laisser à l'Amour
Ses canons, son sommeil

Le miroir se retourne

Contre le coeur
En face
Sache la rumeur
À cache cache
Qui t'es toi
Pour savoir
La parole

De place en place

Palace, pas lasse
La maison ne casse pas la baraque
Ne passe pas l'arnaque au vent
Ventre des passes
Qui ramassent
Les amants conquérants

Des annonces, des reprises

Des hantises, qui caressent
L'absolue tendresse
Des âmes de passage

Fête folle reine

Médinas rouge safran
Pénombre en grand
Et rais de lumière
Oranges safranés
Aux plumes des anges savants
Sans avant, sans le savoir
Et pourtant dans le noir
Trône la foire
L'Affaire Foraine
Qui démoule les peines
Pleines dents dedans
La baleine
L'haleine triomphante
Agace

C'est l'herbe qui raffole

Affole les travers
Sucrés en douceur
Qui ne virent
Qu'aux saisons d'illusions
Qu'on nous vend du vent
Avec l'éternelle jeunesse
Vain printemps

Ramasse tes pelles

Ton seau, tes gamelles
Soldatesque parade
Chamade
L'insurrection de la souffrance
Qui n'est pas nous
D'où nous venons
Nous appartenir, libres enfin
De l'auto surveillance
Éveillance à reconnaître
Où ton coeur s'appareille
Pour battre tranquille
La campagne
Bleu-rose-violet Gaughin
Nous ensoleille
Van Gogh nous élève aux larmes
De l'extase

Citoyens

Tracer les attractions sous paresse

Écrasante beauté salée

Échappée en travers des orties
Qu'on repasse
Chasseurs, éveilleurs, cueilleurs
De projets sacrés-salés
La mer s'est retirée

Repérée

La sagesse endormie
Accrochée aux rochers
Qui se prélassent
Attachés secrètement
Aux goémons

Les démons s'acharnent

À recouvrir nos pensées subversives

Des ailes de brumes


Les journaux appellent au brun

Lynchages
Ceux qui ne marchent pas droit
Jamais les mêmes
Toujours les mêmes
Expatriés, apatrides, exilés, fusillés
Poussés à la fosse commune
Aux crématoires, enjôlés
Monastères brûlés
Les hommes sont restés seuls
Sur la montagne d'argent
Célestes piliers
Homme, sweet homme

C'était un chasseur des collines

Il revient parmi eux
Résister
Régler ses dernières
Affaires foraines...


/Hyères/décembre 2008

 


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